Creative Characters S2 E15 : Annie Atkins – Construire des mondes cinématographiques grâce aux accessoires graphiques et typographiques.

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Il est inutile de dire aux gens ce que vous pouvez faire. Il faut le leur montrer.

Annie Atkins.

Dans Creative Characters, nous rencontrons des personnes créatives qui œuvrent à mi-chemin entre la typographie et la vie courante. Vous pouvez écouter l’épisode ci-dessous ou sur Apple, Spotify, Google Podcasts, et partout où des podcasts de qualité sont disponibles.

Cette semaine, nous poursuivons sur le thème du cinéma. Aujourd’hui, nous accueillons Annie Atkins, une créatrice de l’industrie cinématographique (tout comme notre dernière invitée, Holly Fraser). Elle est connue pour ses accessoires graphiques et ses décors pour les films Grand Budapest Hotel et Isle of Dogs de Wes Anderson. Elle a également réalisé des travaux de design pour The Tudors, The Boxtrolls et le thriller de Spielberg, Bridge of Spies. Branchez-vous sur ce podcast pour découvrir la magie du cinéma.

En coulisses.

Annie a toujours été immergée dans le monde de l’art et du design, et la transition du design graphique commercial au graphisme cinématographique a représenté un défi sans précédent. Après avoir obtenu une maîtrise en production cinématographique à l’University College de Dublin, Annie a eu son premier aperçu de l’industrie du divertissement en travaillant sur la série The Tudors de Showtime.

« J’ai vraiment été jetée dans le grand bain parce que, pour mon premier emploi, j’étais la seule graphiste de la série… J’ai dû en quelque sorte me débrouiller toute seule. Et je travaillais aussi sur une période historique pour laquelle je n’avais aucune expérience. »

Annie a travaillé comme graphiste sur le plateau de The Tudors pendant plusieurs années, affinant ses compétences en matière de design, avant de passer au monde du cinéma.

Annie Atkins at work

Lights, camera, action. Lumières, caméra, action ! 

Travailler aux côtés d’une équipe où chacun avait une tâche particulière à accomplir et voir le processus de réalisation prendre vie, cela a réellement suscité l’enthousiasme d’Annie. 

« Même regarder des machinistes transporter un trône sur le parking était excitant. C’était stimulant de voir des gens avec des talkies-walkies communiquer par radio entre les équipes. Tout comme le fait que j’allais avoir besoin d’une petite ceinture pour transporter mes outils avec moi, au cas où j’aurais besoin de descendre sur le plateau pour réparer un petit morceau de vitrail ou autre chose. » 

Pour Annie, la magie est de pouvoir s’asseoir dans une salle de cinéma et de voir comment prend vie le dur travail de chaque équipe. 

« Au cinéma, c’est tellement immersif. Tout se met en place et on se retrouve au cœur de l’histoire. J’aime à penser que c’est en partie parce que dans les équipes artistiques, nous prenons soin de ces minuscules petits détails qui aident peut-être à pousser les acteurs un peu plus loin dans leur personnage, à plonger le public un peu plus loin dans l’histoire. »

The hero movie. Le film culte. 

Dans l’ensemble de son travail, le projet qui retient l’attention d’Annie est la réalisation d’accessoires graphiques pour le film de Wes Anderson, Grand Budapest Hotel. Autrement connu comme son film culte. « J’ai l’impression que je parlerai encore de ce film quand j’aurai 90 ans. » 

Ce qui a rendu son expérience si spéciale, c’est la façon dont Anderson met en lumière le graphisme dans son cinéma. « Il fait vraiment du graphisme un personnage à part entière. » 

Dans la conception d’un accessoire.

Le processus de fabrication d’un accessoire est un peu plus nuancé qu’on pourrait le croire. Pour Annie, la fabrication d’accessoires comprend une plongée profonde dans la période historique du film, la recherche de matériaux, puis la fabrication et la personnalisation de l’accessoire en fonction du film. Au cours de sa carrière, elle a fabriqué tous types d’accessoires : des barres de chocolat aux parchemins royaux. 

Les journaux, où l’on trouve généralement les noms de l’équipe de tournage, sont un accessoire très courant dans les films. 

« Souvent, nous prenons des noms de l’équipe, car nous avons l’autorisation légale de les utiliser dans nos accessoires. C’est une chose avec laquelle on s’amuse beaucoup. Donc, si vous regardez un film et que vous voyez le nom de quelqu’un sur un accessoire, en général vous le retrouverez au générique, dans la liste des crédits à la fin du film. » 

Quand elle ne crée pas dans son studio, Annie donne des ateliers d’introduction à l’industrie cinématographique. Les élèves pensent à un personnage et commencent à concevoir des accessoires pour celui-ci afin de représenter le monde dans lequel il vit. À l’avenir, elle espère étendre ses cours pour y inclure un atelier de deux jours sur le thème du portfolio. 

« C’est une chose que j’adore absolument. Ils viennent ici jusqu’à Dublin et nous passons deux jours ensemble. Pour moi, c’est un moment où ils redonnent vraiment vie à tout. » 

Les portes dorées d’Hollywood.

Il est impossible de parler de l’industrie cinématographique sans reconnaître ses difficultés, notamment le manque de diversité et les obstacles à l’entrée. Cela dit, depuis qu’elle a travaillé sur Grand Budapest Hotel, Annie constate un véritable changement culturel dans la présence croissante des émissions de télévision, qui, selon elle, contribuent à améliorer la diversité dans le secteur. 

« Je suis convaincue que la télévision a créé des rôles plus intéressants pour les personnages féminins, parce qu’ils doivent être écrits pour 12 heures d’écran. Alors qu’au cinéma, on peut s’en sortir en écrivant pour une heure et demie de temps d’écran et faire en sorte que tout tourne autour des gars. Mais subitement, vous êtes là, vous remplissez 12 heures et vous allez avoir besoin de personnages féminins bien plus complexes pour que ces histoires fonctionnent. » Le plus grand défi à relever pour travailler dans ce secteur est peut-être de passer les portes dorées.

Le problème, c’est que le cinéma est une porte extrêmement fermée. On a vraiment l’impression que c’est un autre monde, habité par tous ces acteurs célèbres et ces gens imbus d’eux-mêmes, et c’est très, très difficile d’y entrer.

Cela dit, Annie pense que le meilleur moyen de faire connaissance avec des personnes de l’industrie cinématographique est de se présenter avec une œuvre de valeur. Elle est convaincue qu’il y a de la place pour tout le monde, y compris pour les nouveaux venus qui n’ont aucune relation. « Votre travail a plus de valeur », selon elle. 

« Nous sommes toujours à la recherche de personnes compétentes dans le secteur artistique… Nous avons besoin de toute l’aide que nous pouvons obtenir. Si vous nous approchez avec un portfolio de travail qui montre que vous avez un réel intérêt pour le design et le découpage, le collage et le pliage, la fabrication de tous ces accessoires et la réflexion autour de l’histoire, autour des scénarios, de la période et du genre, vous serez accepté. »

Merci de nous avoir écoutés ! Pour voir le travail de graphisme cinématographique d’Annie et en savoir plus sur les ateliers qu’elle propose, visitez son site Web portfolio ou consultez son compte Instagram.

Écoutez l'épisode :

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