Pourquoi l’accessibilité numérique passe aussi par la typographie ?
Accessibilité numérique + inclusion : deux notions à aligner.
L’accessibilité numérique, c’est l’ensemble des bonnes pratiques, techniques et graphiques permettant à toutes les personnes (en situation de handicap) — visuelles, motrices, auditives, cognitives — d’accéder à l’information en ligne.
L’inclusivité, elle, consiste à concevoir dès le départ en pensant à toutes et tous, sans exclusion ni compromis.
Vous, marques et organisations, avez une responsabilité croissante pour rendre votre univers numérique non seulement accessible, mais inclusif.
Un cadre légal précis, à connaître.
Depuis la loi n° 2005-102 du 11 février 2005, l’accessibilité numérique est une obligation pour les services publics. Le RGAA (Référentiel général d’amélioration de l’accessibilité) en formalise les modalités.
Mais ce n’est pas tout : la directive européenne 2019/882, dite European Accessibility Act, entre en vigueur en France le 28 juin 2025. À partir de cette date, les entreprises fournissant des services essentiels (e-commerce, banque, transport, médias…) devront répondre à des critères stricts d’accessibilité.
Lire, un parcours visuel et cognitif plus complexe qu’il n’y paraît.
Quel est le processus de lecture ? Comment lit-on ?
La lecture est un processus complexe impliquant nos yeux et plusieurs parties de notre cerveau, qui, pour le lecteur moyen, se déroule en quelques millisecondes et sans aucun effort apparent.
Notre cerveau est l’endroit où se déroule la majeure partie du processus de lecture.
- Perception visuelle — Et à cause de la position de nos yeux sur notre visage, nous avons une grande profondeur de vision, mais une très faible vision périphérique. Et cela a une incidence sur la façon dont nous avons adapté notre vision à la lecture. Ce champ de vision étroit est à l’origine d’un phénomène connu sous le nom de “lecture saccadée” ou “mouvement oculaire saccadé”. Lorsque nous lisons une ligne de texte, nous le faisons par sauts et fixations.
- Fixation — La fovéa est la zone à l’arrière de l’œil qui contient la plus forte concentration de récepteurs de lumière. C’est là que notre vision est la meilleure, la plus nette. Nous identifions seulement dix ou douze lettres par fixation. En raison de notre mauvaise vision périphérique, nous prenons des clichés de groupes de lettres, qui sont ensuite recousues et réassemblées en mots par notre cerveau.
- Décodage — Il existe maintenant un large consensus parmi les chercheurs sur le fait que la reconnaissance des mots est basée sur les lettres. Nous nous souvenons mieux des mots parce que nous reconnaissons les combinaisons de lettres.
Ce processus mental semble être une capacité innée, mais il est fragile : quelques détails typographiques inadéquats peuvent le rompre. D’où l’impact déterminant d’une bonne typographie.
Quand la typographie fait vraiment la différence.
Des polices comme Luciole (pour malvoyants), Rival Sans, Domotica Pro ou Sana Sans sont conçues pour améliorer la lisibilité selon les profils de vos lecteurs. Les fonctions OpenType permettent l’accès à des formes de lettres alternatives qui favorisent leur reconnaissance et améliore l’expérience de lecture.
En choisissant des polices adaptées, vous envoyez un signal fort : vous avez pensé à tous.tes vos publics.
Les bonnes pratiques typographiques, concrètes et accessibles
Quelques choix simples peuvent déjà transformer l’expérience de lecture :
- Taille de corps adéquate (texte courant : 9–14 px ; titrage : 15 px +).
- Contraste élevé (noir sur blanc reste le plus efficace, 38 % plus rapide à lire d’après nos recherches conduites avec le MITageLab).
- Interlignage ≈ 1,5× taille de police ; lignes entre 40–80 caractères ; pas trop de lettres serrées.
- Formes ouvertes ; différencier les lettres ambigües (e,o,s).
Ces ajustements permettent à votre message d’être compris plus vite, plus facilement, pour tous.

Le long parcours de la lecture : une responsabilité partagée
Ces choix typographiques sont de votre ressort, vous, les marques : parce que vous développez vos interfaces, vos contenus, vos visuels. Et surtout parce que vos publics sont divers — avec divers niveaux de lecture et qui parfois sont malvoyants ou souffrant de troubles cognitifs.
En résumé : à vous d’agir — et vite
- L’accessibilité est une obligation légale, qui s’étend dès juin 2025 au secteur privé pour certains services essentiels.
- La typographie, trop souvent négligée, est pourtant un point de contact majeur avec tous vos utilisateurs.
Adapter vos polices, ces contrastes et la structure même de vos textes, c’est améliorer réellement l’inclusion.
Vous êtes dès aujourd’hui acteur·rice de ce changement. Et ça commence à chaque lettre !
Cet article s’appuie en grande partie sur les échanges et l’expertise partagée lors de notre webinaire consacré à l’accessibilité numérique. Pour aller plus loin et approfondir ces notions, vous pouvez retrouver le webinaire en replay, disponible à la demande.